Du 20 septembre au 2014 au 4 janvier 2015
ENTIÈREMENT CONÇUE A PARTIR DES DOCUMENTS OFFERTS PAR NORBERT DUCROT-GRANDERYE, L’EXPOSITION SE DÉCLINE AUTOUR DE CINQ AXES : BESANÇON ET VICTOR HUGO, LA VIE POLITIQUE, LA VIE FAMILIALE, LES DESSINS, LA MUSIQUE.
À proximité immédiate du fameux plan en relief de Besançon, les liens entre Victor Hugo et sa ville natale sont évoqués à travers des représentations de sa maison natale, parues dans des journaux des années 1880-1902. Une lettre manuscrite de Victor Hugo, datée du 21 avril 1880, réponse à une enquête administrative, contient à la fois la mention de « M. le maire de Besançon » et cette phrase, qui pourrait être le début de l’autobiographie qu’il n’a jamais écrite : « Je suis né le 26 février 1802. »
À côté d’invitations adressées à Victor Hugo sous la monarchie de Juillet et sous la Deuxième République, la vie politique est représentée par deux lettres d’un intérêt capital : l’une de Juliette Drouet à Victor Hugo pendant la révolution de février 1848, l’autre de Victor Hugo à son épouse pendant cette « fatale insurrection de juin 1848, la plus grande guerre des rues qu’ait vue l’histoire », selon Les Misérables. La copie autographe, par Jules Favre, de l’appel à l’insurrection dicté par Victor Hugo le jour du coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte, représente l’échec des idéaux de 1848. C’est le début d’un long exil, où Victor Hugo dans les îles anglo-normandes devient le défenseur de toutes les grandes causes. L’activité politique en France au retour de l’exil est évoquée à partir du très beau fragment manuscrit d’un discours de 1876. La dernière année et l’enterrement de Victor Hugo sont illustrés par un petit ensemble de documents regroupés autour de ses dernières photographies, vivant et mort.
Ponctuée de portraits parus dans la presse, la vie familiale est représentée par des lettres de Victor Hugo et de son entourage. Entre autres documents rares, une lettre écrite au moment de la publication des Misérables montre Victor Hugo déclarant à son épouse son mécontentement de voir son fils Charles quitter l’exil pour regagner Paris, et de voir sa fille Adèle dans le même temps refuser d’accompagner à Paris sa mère malade consulter un médecin.
Dans le post-scriptum d’une autre lettre, après trente années sans échanges d’aucune sorte entre les deux femmes, Mme Victor Hugo charge son mari de transmettre ses « affectueux souvenirs à Mme Drouet ». Un petit billet fiévreux de Victor Hugo septuagénaire à son fils François-Victor rappelle l’épisode douloureux de la fuite de Juliette Drouet, lassée des infidélités de son amant. Étonnant témoignage de cette passion au long cours, la collection compte aussi un médaillon qui renferme dans un cadre très Napoléon III une épaisse mèche de cheveu du poète offerte à Juliette Drouet en 1836 avec cette dédicace presque surréaliste : « Vous avez ce qui est dedans : la pensée ; c’est bien le moins que vous ayez aussi ce qui est dessus, les cheveux. »
La section « Victor Hugo dessinateur et voyageur » présente deux dessins originaux : un petit paysage avec église et château-fort ; une caricature au trait. Une feuille de notes sur Dijon et Chalon-sur-Saône, avec un petit croquis, deux eaux-fortes et deux dessins reproduits dans la presse de l’époque viennent compléter cet ensemble.
L’une des originalités de la donation Norbert Ducrot-Granderye est de comporter un grand nombre de partitions des XIXe et XXe siècles, quelquefois joliment illustrées, sur des poèmes de Victor Hugo. Les plus représentatives, œuvres de compositeurs oubliés ou restés célèbres (Bizet, Massenet, Saint-Saëns, Jean-Baptiste Faure, Reynaldo Hahn…), sont accrochées, accompagnées d’enregistrements mêlant versions de l’époque et versions contemporaines de poèmes mis en musique. Ainsi, au « Gastibelza » d’Hippolyte Monpou, célèbre à son époque, répond celui, tout aussi célèbre aujourd’hui, de Georges Brassens ; au « Rose » de Léopold Amat fait écho le « Je ne songeais pas à Rose… » de Julos Beaucarne, à « La galère capitane » de Léon Bizot, la « Chanson de pirates » de Claude Nougaro …
Ce voyage original autour de Victor Hugo, proposé au musée du Temps jusqu’à l’aube de l’année 2015, conjugue l’art et l’histoire, l’intime et le politique. Un complément essentiel à la visite de la Maison natale.